Le parchemin oublié

Tout en parlant, les cousins étaient arrivés devant le portail qui donnait accès au château. Ils n’eurent pas à faire la queue, car les visiteurs n’étaient pas très nombreux. Une femme âgée, assise dans une petite baraque en bois, leur donna des billets d’entrée. Elle semblait nerveuse et inquiète.

– La visite est libre, leur dit-elle sans même les regarder. Une fois que vous aurez franchi le mur d’enceinte, suivez ce chemin pavé. Il vous conduira jusqu’au château qui se trouve tout en haut.

– Eh bien, fit Hugo, vous avez vu l’épaisseur des barreaux du portail ? Ceux qui se réfugiaient là, au temps des seigneurs, se trouvaient bien à l’abri.

– Ouais, surenchérit Arthur, en plus le mur d’enceinte est très haut. Une vraie forteresse.

– Vous n’avez pas trouvé que cette femme avait un air bizarre ? demanda Amélie, tandis qu’ils s’éloignaient de l’entrée.

– Ah, non ! Tu ne vas pas commencer à voir des mystères là où il n’y en a pas, dit Ysalia, bien décidée à passer des vacances sans histoire.

Amélie n’insista pas. À peine âgée de 11 ans, elle était la plus jeune du groupe, mais son intelligence et sa vivacité d’esprit le faisaient vite oublier. Ses cheveux coupés au carré, encadraient un visage qui semblait ordinaire au premier abord, mais dès qu’on la connaissait un peu mieux, on tombait sous le charme de ses jolis yeux noisette, pailletés d’or. À l’inverse, son frère aîné, Hugo, qui avait 13 ans, attirait immédiatement l’attention. Il faut dire qu’en plus d’être grand et sportif, il avait d’extraordinaires yeux verts. Arthur avait le même âge que son cousin, mais contrairement à lui, il n’aimait pas les activités sportives. Ce qui l’attirait le plus, c’était la dégustation de bons petits plats salés ou sucrés. Ce qui expliquait sans doute son léger embonpoint. Sous sa tignasse blonde, il avait un visage franc et sympathique qui correspondait à son caractère. Quant aux jumelles, elles se ressemblaient comme deux gouttes d’eau : même visage en forme de cœur et mêmes grands yeux noirs en amande. Elles étaient nées en Asie et avaient été adoptées toutes petites. Heureusement qu’elles se coiffaient différemment, sans cela il eût été impossible de les différencier. Ysalia portait ses cheveux longs, tandis que Maya avait opté pour la même coupe que sa cousine Amélie.

Avant d’arriver au château proprement dit, les enfants passèrent sous une arche de pierre et entrèrent dans une cour en terre battue. Elle était agréablement ombragée, ce qu’ils apprécièrent en cette après-midi particulièrement chaude du mois de juillet.

Arthur se laissa tomber sur le rebord d’un vieil abreuvoir en pierre pour récupérer de son ascension, tandis que ses cousins plus résistants, entourèrent aussitôt un puits dont l’ouverture était protégée par une grille.