Le prophète Habaquq

- Dieu vient de Témân, (3.3)

Le nom que l'Ecriture donne à Dieu est ici "Eloah". Nous le trouvons souvent dans l'Ancien Testament, dans des contextes où il est question d'une révélation de Dieu plus large que celle faite au peuple d'Israël (Deut 32.15 ; Ps 50.22 ; Ps 139.19 ; Pr 30.5). Ainsi, ce nom est souvent employé dans le livre de Job. C'est l'aspect universel de Dieu qui est mis en avant dans ce passage de jugement universel.

"Dieu vient" souligne l'intervention de Dieu dans notre monde. Il s'est révélé comme étant celui qui est, qui était et qui vient (Ap 1.4), le Dieu qui vient par nature, le perpétuellement venant, celui dont l'amour est perpétuellement tendu vers les hommes.

- Le Saint vient (3.3)

Le prophète Esaïe souligne particulièrement la sainteté de Dieu (Es 40.25). Cet aspect de sainteté était aussi pour Habaquq un élément important de sa relation avec Dieu. Il faisait appel à cette qualité de Dieu pour contester la justice du jugement exercé contre son peuple par un peuple qui n'était pas saint (Hab 1.12). Le Dieu qui vient est à la fois celui des nations et celui du fidèle consacré.

- De la montagne de Parân. (3.3)

Parân est une province d'Edom. Le Seigneur se manifestait de cette montagne (Deut 33.2) quand il a donné la loi au peuple d'Israël. C'était un moment de crainte pour tous (Jug 5.4). L'intervention de Dieu s'inscrit dans le même cadre et avec la même sainteté redoutable que lors de cette première apparition où il a donné la loi à son peuple. C'est le même Dieu.

- Sa majesté couvre les cieux,

Et sa louange remplit la terre. (3.3)

Cette venue du Seigneur accomplit la prophétie de Hab 2.14 qui disait que la terre serait remplie de la connaissance de la gloire de l'Eternel.
Quand le Seigneur intervient pour exercer la justice dans notre monde, c'est alors que sa louange remplit la terre. On la retrouve dans l'Apocalypse (Ap 5.13). Cette louange universelle sort de la bouche de ceux qui ont été opprimés jusqu'à ce jour.

- C'est comme l'éclat de la lumière ;

Des rayons partent de sa main ;

La voilà, sa force cachée ! (3.4)

L'apparition de Dieu est accompagnée de lumière (Ex 24.10 ; Act 9.3). Elle est semblable au soleil (Mal 3.20).

- Devant lui marche la peste,

La fièvre sort sur ses pas. (3.5)

La peste accompagne la mort qui monte le cheval verdâtre de l'Apocalypse (Ap 6.8). C'est Dieu qui donne le pouvoir d'agir à ce cheval. La peste et la fièvre sont aussi des instruments entre ses mains (Deut 28.21,22 ; 2 Ch 6.28).

- Il se dresse et prend la mesure de la terre,

Il regarde et fait sursauter les nations ; (3.6)

Quand Dieu regarde, c'est qu'il va intervenir (Ex 2.25). Alors les nations et la terre tremblent (Ps 104.32). C'était le cas quand Israël a passé la mer Rouge (Ex 15.14-16).

Ceci répond à la plainte du prophète au sujet de la non-intervention du Seigneur face aux désordres en Israël (Hab 1.3) ou face à la brutalité orgueilleuse des Chaldéens (Hab 1.13).